Merci à toi, maçon de l'autre siècle. En ce 1er mai, fêtons ta belle anticipation. Fier, à juste titre de son cimentage impeccablement lisse, sans une onde, il dit, en nettoyant ses outils, un œil sur son oeuvre « Quand ça boug’ra, on s’ra môôrt depuis bié long’min » On entend encore ça de nos jours sur les chantiers, sauf, bien entendu, chez les hyper sophistiqués qui travaillent avec les hyper matériaux d’aujourd’hui que l’on croit éternels. Parce qu’on dit ça, mais on sait que ça va arriver, un jour, que ça va bouger. Lui, en tout cas, le savait. Il savait même comment cela allait se passer ; il anticipait dans ses pensées l’œuvre d’art qu’un jour ça serait. Oh, il se doutait bien que peu de personnes s’y intéresseraient, mais si, au moins, une personne… juste avant démolition…. Dans ses pensées….. il but une bière, pou’ se r’met’, rentra chez lui et imagina (ici une approximation, entre le patois leuzois et un français châtié, pour plus de compréhension). « ‘Commencera par un’ minuscule fendille, en’ tout mignonne, à cause d’en vibration, du sol qui boug’, j’parie, ou les matériaux, el’ composition, t’sais, avec les intempéries, soleil, pluie… . Et puis ‘i va g’ler, tout p’tit bellmin, el fendille el’ va dev’nir fissure, en’ bel’fissure, et l’année d’après, ça va pêter. E yé si i’ n’font rié, s’i n’a nié d’entretien, ed réparation, et si, in plus, y a d’yeau qui pass’ pa’l’toiture….. com’ça, y va d’avoir tout plein l’mur. Des rachen’, de l’mousse, potiep des arb’. Wouah, ça s’ra in machin pou’ les musées. E’ j’ su in artist’ »
J’ai vu, l’Artiste, mais rien à faire, demain on démolit. Et j’vais te dire un truc. Je suis heureux d’en avoir rencontrés plein, des artistes comme toi, depuis le temps que j’exerce mon métier !
Luc Delvaux
#Ma bonne Etoile
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