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Photo du rédacteurLuc Delvaux

On a volé mon caddie!

Dernière mise à jour : 24 janv.




« Au secours ! On a volé mon caddie ! »

 

INTRODUCTION

 

Bonjour,

J’ me présente, je m’appelle René

Je l’voulais et j’ai réussi ma vie, j’suis aimé (et même pas haï)

Je suis beau, je gagne beaucoup d'argent

Puis surtout j’suis intelligent

Mais pour tout ça, il a fallu que j’bosse à plein temps

Lalalal

J’suis maître chanteur, j’fais chanter les copains,

lalalala

Et partout dans la rue.. lalalalal

… filles…. nues lalalala

 

Ah, j’ai toujours aimé cette chanson.

 

 Mais tout cela est vrai, Je vous parle depuis mon grand bureau blanc, blanc le sol, blancs murs et plafond, blanc le mobilier, blancs mes habits, comme la neige de mes intentions, comme mon argent est blanchi. Ma brand new cadillac rose-bonbon et son chauffeur en livrée rouge m’attendent en bas de cet immeuble de la « René Unlimited Compagny », les équipages de mon hélico vert-pomme sur le toit et de mon jet privé bleu-azur sur l’aérodrome tout proche n’attendent que mon signal.

Les murs de tout le complexe administratif, du hall aux sanitaires, sont garnis de graphiques des différents secteurs d’activité. Une constante : toutes les flèches, de couleur or, pointent vers le haut.

Pour transcender la touche finale de ce paradis, je peux compter sur ma secrétaire personnelle, symbole de l’idéal féminin. J’en garde le délice. Sachez cependant que lorsqu’elle abandonne ce faux air sévère, fait glisser ses grosses lunettes noires et retire doucement les épingles à chignon pour laisser s’épanouir une chevelure abondante sur l’épaule nue,  la scène n’a rien à envier à «La Naissance de Vénus » d'un Botticelli.

 

Ah, un an avant tout ça… Tout me revient, regard plein d’émotion sur cette carte reçue ce jour, de l’ami Ambroise , il y est griffonné d’une écriture triste « Merci pour le don à notre association »>. Ce cher Ambroise, c’est grâce à lui que tout a commencé, il y a juste un an.

 

Mademoiselle, écrivez- Et je penche vers l’arrière le dossier du fauteuil, les yeux rêveurs, l’esprit en voyage temporel.

 

CHAPITRE 1/ LA RENCONTRE FABULEUSE.

 

Il y a un an tout était différent, j’étais dans le creux de la vague. Tout essayé, la drogue, le sexe, les trafics traditionnels : humain, d’organes, d’armes, et j’avais même été curé. Rien n’avait marché. Pourquoi ? Parce que je voulais faire tout ça réglo, trop honnête, et j’ai croulé sous la concurrence déloyale de gens sans scrupule. Bref j’étais en déconfiture et déambulais en quête d’une occasion à saisir.

Ce jour là, décor super-marché. Une voix de mamie Castafiole déchire l’air. « Ciel ! Mon caddie ! Au secours, au secours, on a volé mon caddie ! ». Les rayons tremblent, bouteilles de vin, boites de conserve s’écrasent sur le sol, la verrerie explose. Tout le monde reste pétrifié, les agents de sécurité accourent. Seul le compagnon de la pauvre dame rigole ; une sorte de vieille star Hard-Rock, mille milliards !!

Je reste très discret, m’éloigne un peu ….voilà, par là, un peu de patience, de doigté,  et mine de rien je finis par abandonner ce caddie qui n’est pas mien. C’est fait…..Top secret !  

Quelques pas plus loin, que vois-je s’avancer ? Une autre cariole, mais grinçante, grimaçant de travers comme un crabe. Je suis attiré par son contenu débordant : un plein de bouteilles de blanc, de bière forte et de crème de cassis miraculeusement préservées du désastre. Hallucinant ! Levant le nez éberlué, celui-ci rencontre le promontoire de….. bon sang !  Ambroise, copain de collège, pas vu depuis si longtemps, juste quelques mails amicaux ou réseaux sociaux de temps à autre. « Ben ça Ambroise, quelle bonne surprise , « Oh tin, René, ça, c’t’en surprise en effet mais oooh t’as pas bonne mine ! » « Si si, ça va, mais toi, tu m’as toujours dit sur face de bouc que tu n’buvais pas, sacré menteur, tu te prépares à ta façon une colossale ambroisie, Ambroise-ambroisie,  haha, finesse monumentale n’est-ce pas ! Hein, hein, ben ris alors !»


Petit aparté. Ambroise, j’vais vous dire pourquoi ses parents l’ont affublé de ce prénom. C’est par un signe du destin. Tout d’abord, il est né un 7 décembre, jour de la St Ambroise. ET ce jour-là, fait encore plus exceptionnel parce qu’en décembre, il est arrivé au petit joufflu tout juste sorti de l’œuf ce qui est arrivé à celui qui deviendra plus tard le grand Saint Ambroise de Milan, exactement ce qui suit.

 « Ambroise ( le Saint Homme ) est né à Augusta Treverorum (Trèves) en 339. Il est le fils d'un préfet du prétoire des Gaules nommé Aurelius Ambrosius.

Selon la Vie d'Ambroise rédigée par son secrétaire Paulin de Milan, son berceau se trouvait dans la salle du prétoire. Un jour qu'il y dormait, un essaim d'abeilles survint tout à coup et couvrit sa figure et sa bouche de telle sorte qu'il semblait que les insectes entraient dans sa bouche et en sortaient. Les abeilles prirent ensuite leur envol et s'élevèrent en l’air à une telle hauteur que l'œil humain n'était plus capable de les distinguer. » - wiki coule de pedia source. C’est d’ailleurs pour cela  que St Ambroise est vénéré comme le patron des apiculteurs.

Mon Ambroise, lui, que je sache, n’est ni saint ni patron, il est juste le p’tit Ambroise d’Outsiplou. Mais c’est un brave garçon !

Quand j’y repense, il n’y avait que lui pour s’obstiner à vouloir diriger une charrette indirigeable. Je vous prends à témoin : quand vous vous rendez compte que les roues gauche de votre caddie vont obstinément à droite, que l’avant droite part à gauche et que la dernière tournicote sans arrêt, vous en changez, n’est-ce pas ! Et bien Ambroise, non, il s’obstine !


Ça va Mademoiselle ? Le rythme vous convient ? Si je vais trop vite, vous le dites. Mais hohohoo ce doigt délicatement posé sur votre lèvre pulpeuse. Bon, je me reconcentre .

 

CHAPITRE 2/ AMBROISE BROSSE LE TABLEAU


Revenons au récit..

« Toujours le mot pour rire, malgré tes années de prison, mais t’as quand-même mauvaise mine, t’sais… » dit Ambroise tandis que j’étouffe un grimaçant « La ferme, purée ! Ta g…, p… ! »

Je m’en souviens comme si c’était hier, il poursuit, sans arrêter une fraction de seconde. 

 

« Ah oui, c’te cargaison d’alcool ! Mais non, tout ça c’est pas pour moi, j’ai des invités -qui se sont invités- et j’veux les recevoir comme il se doit. Ils adorent nos breuvages euphorisants.

Etrangers, ils sont arrivés pour redresser la vie économique européenne, si si, rien que ça! Et bien cette tâche impensable, cette montagne plus haute que l’Everest ne leur fait pas peur. Sont très nombreux, s’acclimatent très bien, ils se plaisent vraiment ; d’ailleurs il y en a chez toutes mes connaissances. Quand je dis ILS, faudrait p’tet penser à parler d’ELLES plutôt, parce que c’est un fameux matriarcat.

Regarde un peu combien de gens ils-elles font travailler :

-Ils adorent un bon mélange d’une bonne bière forte de chez nous, d’autant de vin blanc et de sirop ou de crème de cassis ; n'en ont jamais assez ! Une aubaine pour nos négociants en vin, pour notre vin belge, pour nos brasseries, nos jardiniers, nos distilleries, nos sucreries et qui dit sucrerie dit betterave et qui dit betterave dit... dit dit..? betteravier, voilà...

-Nos chimistes leurs farfouillent des boissons vitaminées irrésistibles.

-Les constructeurs tant amateurs que professionnels rivalisent d’ingéniosité pour leur proposer de petites entités d’habitation qu’ls ne quitteront que les pieds devant tellement ils s’y attachent. De tous les modèles, pour toutes les bourses, du plus simple au plus sophistiqué.

.Les informaticiens font des expériences de puçage de peur qu’ils ne se perdent et surtout qu’on ne perde une telle manne aux trésors.

-Les scientifiques, les sociologues, les biologistes, les comportementalistes ont là une formidable source d’étude, d’analyse de leur mode de vie pour mieux les traiter sans préjugés. Cela ouvre à ces experts un créneau incroyable, recherches et diffusion des résultats de ce travail, etc….

-Formation de sorte d’assistants sociaux, de spécialistes, d’aumôniers pour les accompagner jusqu’à leur dernier souffle.

-Ils font travailler le service de régulation des naissances.

-Ils font travailler les médias ; on écrit, on réalise à tirelarigot photos, vidéos, films sur eux ; on donne des conférences, on organise des débats.

-Avec tout cet apport de tunes, le fisc se frotte les mains, et à côté de cela ce qu’on appelle l’économie parallèle se porte à nouveau à merveille aussi.

Tu vois combien de gens ils font travailler ? Et je suis certain qu’ils vont ouvrir des fenêtres sur d’autres débouchés. Y a de quoi se réjouir, non ?

En plus, sont beaux et belles, ces asiatiques, avec leur tête rouge, corps noir et cul jaune !» 

 

« Ambroise, dis, des asiatiques avec une tête rouge, un corps noir et un cul jaune, le drapeau belge dans le désordre, non mais tu m’embarques dans quoi ? Tu te fous de moi, c’est ça ? Ce mélange de vin blanc de bière brune et de cassis, t’en es complètement imbibé et ça ne te réussit pas, bref, tu es dingo et le comportement illogique de ta cariole traduit bien ton propre état, voilà la vérité ! »

 

« Comment René, t’as pas encore compris ? Tu sais pourtant que je suis apiculteur, avec cette date de naissance, ce qui m’est arrivé à peine venu au monde, et le prénom qui va avec, j’étais prédestiné, c’était écrit, il n’y a pas de hasard ! Et t’as jamais entendu parler des FRELONS ASIATIQUES, cette calamité pour les abeilles de tout bord, les vergers, la biodiversité, une cata’ venue d’ailleurs cachée dans une cargaison de poterie chinoise débarquée en 2004, en Lot-et-Garonne, à Tonneins? Ben ils se sont invités chez nous et on est tous à pleurer la mort de nos ruches. Tin, notre association a changé de nom, de désespoir on est devenus les « Unhappy Culteurs ». Les abeilles sauvages ne sont pas épargnées non plus. Alors, tout ce que je t’ai énuméré, là, les apports à l’économie européenne, c’est de l’humour noir pour faire rire jaune, ce sont toutes les stratégies mises en œuvre pour les piéger, les occire et ainsi protéger nos ruches. Avec tout ça y a vraiment moyen de faire fortune, quand on y pense.»

 

Purée ! La révélation : FAIRE FORTUNE. Et là, comme un coup de matraque sur la tête, mille étoiles et me voilà un an après, riche comme Crésus ! Je vais tout vous dévoiler. Ce coup-ci, grâce à Ambroise, j’étais paré !

 

C’est toujours agréable pour vous, Mademoiselle ? Faisons une petite pause. Et surtout ne me cachez pas ce sein que j’aime tant voir !


CHAPITRE 3/ L’ENVOLEE DE RENE

 

Alors, comment ça s’est passé ?

Dès ce moment, je fus béni des dieux ; il y a des dieux pour les arnaqueurs, les fumistes, les roublards, les écraseurs des autres, les rapaces, les voraces, vous savez, ceux qui renient tout et tous! Faut juste savoir prier.

 

Bis repetita placent, je me plais à le fredonner : «Avec tout ça, y a vraiment moyen de faire fortune.. » ;  à partir de cette phrase d’Ambroise, j’étais paré. Mon idée de génie a été de rassembler tout ce qui contribue à la lutte contre le frelon asiatique en une seule société à direction unique, la mienne, une main de fer dans un gant de fer (d’accord, ça fait froid, et gare au gel). La « René unlimited Compagny » pouvait naître !

« Mais vous n’aviez plus rien, vous aviez tout raté, et à ce qu’en dit Ambroise, vous sortiez de prison, et quoi, l’argent pour démarrer ? » me direz-vous. Je vous entends ! Et c’est là qu’intervient le destin.  Il n’y a pas de hasard, vous savez, tout est écrit d’avance, comme il le dit si bien, ce cher Ambroise ! Sur son lit de mort, ma grand-tante Adèle, qui avait réussi dans les activités où j’avais échoué, m’a donné de précieux conseils pour mes futures affaires et aussi m’a indiqué la cache de son magot si durement gagné.  Elle rendit son dernier soupir juste à ce moment. Dans mes bras je tenais la mort’ Adèle. Je garde sur moi ses effluves, il n’y a qu’à sentir.

Grâce au magot d’Adèle, il ne me resta plus qu’à acheter les bonnes personnes, ainsi avoir portes grandes ouvertes dans toutes les instances, obtenir les autorisations, placer mes pions, faire jouer mes lobbyistes et, à force de rapacité, de voracité, fonder mon empire, devenir MOI ! En quelques semaines, ce fut chose faite.

 

Précision, concision, effication (ça sonne mieux qu’efficacité avec les deux autres « on », bref, pas de bavardage inutile. Idées claires, aller droit au but. Le développement durable est soutenu par 3 piliers ( social, économique, environnemental )… le belle affaire. Comment voulez-vous être stable avec 3 piliers ? Bancal dès le départ. Mon plan le plus basique à moi en comporte le double aux milliers de ramifications. Ça c’est du solide ! Trois piliers, pfff, ça ne fait pas le poids contre ces forces opposées ayant heureusement la main mise sur toute la vie sur terre pour emmener l’humanité  au nirvana annoncé.  Intelligence artificielle partout au pouvoir, justement tiens, plus un seul insecte pour nous embêter, l’argent partout, même à en manger, du soleil et des nanas, des dirladadas à tous les coins du globe pelé, et les indésirables restant exilés avec leurs trois piliers sur le nouveau continent de plastique. Le rêve qui devient réalité : fantastique. Ces forces-là ont au moins mille piliers, mais 3 piliers… risible !

 

Les grandes lignes de mon combat furent et perdurent :

 

-Regrouper sous ma houlette tous les moyens de lutte contre le frelon asiatique.

 

-Pas bête, surtout ne pas éradiquer, ne pas scier la branche sur laquelle je m’asseyais, ne pas tuer la frelonne aux œufs d’or si je puis dire, garder le pouvoir de « réguler ( la bonne blague des chasseurs ) » la population, c-à-d, pouvoir effectuer un apport lorsque les moyens de lutte deviendraient trop efficaces.

 

-Ecraser la concurrence. Tous les coups étant permis.

 

-Une politique de prix agressive, une dynamique commerciale.

 

-Soigner mon égo, avec un penchant pour une prochaine carrière politique.

 

-Vision à long terme, nouvelles orientations, nouveaux gains.

 

Je vous détaille tout cela ci-après.

 

 Pause. Mademoiselle, ces bas résilles et cette jupette haut-perchée rendent vos gambettes encore plus affriolantes .


Voyons dans le détail, tiroir-caisse à remplir, vive le « Vespa Velutina Nigrithorax ».  .

 

-Je devins donc fabricant et vendeur de pièges à frelons, soit une panoplie du plus simple au plus compliqué, de une à des dizaines d’entrées, du moins cher au plus onéreux, pour que toute la clientèle s’y retrouve, du petit apiculteur amateur aux grosses firmes de miel et additifs à gogo

 

-Je complétai cette gamme de toutes sortes de matériel pour la fabrication de pièges maison : des tubes acier, plastique, bois, des grillages de tout calibre, feuilles plastiques, des entonnoirs, clous, vis, colle, punaises, trombones, pinces à épiler et tout l’outillage indispensable.

 

-Je devins caviste spécialisé vin blanc, bière forte et cassis, avant de très rapidement fonder ma propre brasserie, créer mon propre chai. Il faut savoir qu’un piège ne fonctionne que s’il contient en son sein un breuvage composé hyper-attractif

 

-.Avec l’aide de chimistes migrants (pour le salaire ) et de stagiaires ambitieux (faisant passer leur ambition au-dessus d’un quelconque salaire), je développai en parallèle des ersatz tout aussi irrésistibles ; en effet, une partie de ma clientèle a toujours du mal à sacrifier bière et vin au profit des frelons.

 

-Je mène actuellement des expériences pour pucer les frelons afin qu’ils mènent les exterminateurs plus facilement vers leur nid. Evidemment, pucer les frelons ne se fera pas gratuitement pour le propriétaire du terrain et je compte sur cette technique pour faire exploser, si c’est encore possible, mon chiffre d’affaires.

 

-J’ai créé des cours payants pour les personnes désireuses de devenir exterminateurs. Plusieurs modules : historique, connaissance biologique, connaissance comportementale, techniques de repérage et de destruction. Les exterminateurs diplômés sont en fait mes employés recevant une commission à chaque destruction, les bénéfices me revenant. Ils doivent acheter leur matériel, leur tenue de protection obligatoirement en mes magasins. Chaque mois, ils reçoivent en prime un pot de miel de 250gr provenant des cadeaux que les associations d’apiculteurs me font en contrepartie de mes dons ; ces pauvres bougres-ci me voient tellement comme LE sauveur de leurs ruches.

 

-Evidemment mes chimistes mettent continuellement au point des insecticides ciblés permettant de détruire les nids dans toutes les circonstances. Ceux-ci en effet peuvent se trouver au niveau du sol, dans votre cave, votre garage, votre débarras, à 30m de haut dans les arbres, peut-être dans votre lit, dans votre pot de toilette…et j’en passe….

 

-Contrôle, régulation de la population. Je vous fais ici une confidence ; à vous seul pcq je sais que vous ne le raconterez pas (une équipe spécialisée pour fermer la bouche définitivement aux trop bavards est toujours prête à intervenir). Sur quelques-uns de mes terrains privés n’interviennent que des robots pour l’entretien, la production, la garde. Aucune main humaine à part la mienne, n’y met les pieds 😊. Zone ultra secrète. Pourquoi ? Il est évident que si le piégeage, la destruction des nids se montrent trop efficaces, tout mon empire s’effondre. Je me dois donc de réguler la population de frelons asiatiques, d’assurer la relève de ce qui est détruit ; mes terrains sont une véritable réserve. Personne n’y touche et de chez moi ils inondent le monde. J’ai pris exemple des chasseurs : ils régulent : ils ont une réserve de ce sur quoi ils pourront tirer., ça s’appelle réguler. De plus, je garde contact avec l’Asie pour d’éventuels apports.

 

-Dynamique commerciale. Développer tout un réseau de distribution et infiltrer les quelques distributeurs concurrents restant pour privilégier mes produits. Voici un exemple basique : « Oh Monsieur, vous allez acheter ce produit (d’une firme concurrente)? Je vous le déconseille ; prenez plutôt celui-ci (un à moi) ; il est un peu plus cher (le double) mais vraiment plus efficace ! ». Evidemment le pauvre apiculteur qui n’a qu’un seul espoir, sauver sa ruche, tombe dans le panneau, et la monnaie sonne et trébuche dans mon tiroir-caisse

 

-Soigner mon image, soigner mon Ego. Faire figure de sauveur du monde apicole et de la biodiversité par de petits gestes. Arroser de bien sympathiques petits dons fiscalement déductibles, les diverses associations obligées de lutter pour leur survie en achetant mes produits, mes services.  Retour à la carte que j’ai en main. Ce cher Ambroise qui me remercie pour le don annuel de 50 euros aux « Unhappy Culteurs d’Outsiplou » ( Is viennent d’ajouter le « Un » privatif à Happy), n’est-ce pas émouvant ? J’en frémis !

 

-Pour une vision à long terme, laissant miroiter de nouveaux gains, il faut travailler de nouvelles idées… On ne peut malheureusement pas tout faire en un an. En voici trois, liste non exhaustive.

 

1) Des pourparlers sont en cours pour importer chez nous le redoutable frelon géant d’Asie, plus grand prédateur, ainsi que le frelon oriental (déjà repéré à Marseille), menace catastrophique supplémentaire pour la biodiversité de nos régions. Donc plein de débouchés : nouveaux pièges, nouveaux appâts, destruction mécanique, chimique, une vision du bonheur.

2) Toujours penser à son prochain. Il y aura lieu de développer une activité d’aide psychologique et médicamenteuse (comportant vaccination obligatoire payante et non remboursée par la sécurité sociale) destinée au monde apicole. Déjà à l’heure actuelle combien d’apiculteurs ne souffrent-ils pas de dépression nerveuse ? Je n’oublie pas le premier point de ma charte éthique, de mon  engagement professionnel : l’aide aux autres!

3) Personne ici n’y a encore pensé sauf moi, évidemment. Tout bêtement faire comme les chinois : développer tout un commerce alimentaire autour de ces jolis petits emmerdeurs. Le frelon asiatique, ça se mange. Eureka ! Horeca ! mon EuHorecka à moi.

 

N’est-ce pas beau tout cela ? Voilà toute mon histoire, celle de ma victoire. J’en suis fier, fier aussi d’avoir fait honneur à mes parents et au nom qu’ils m’ont donné ; là, j’ai vraiment fait une exception, je ne l’ai pas renié, ce nom, je m’appelle René Gat

 

Merci Mademoiselle, chère secrétaire IA plus vraie que nature, je vais vous débrancher, je terminerai les dernières lignes de ma main.

Mais que se passe-t-il ? Vos cheveux, votre lèvre pulpeuse, votre sein, vos gambettes, tout cela devient réel ! Vous vous levez et vous déshabillez, vous vous penchez sur moi, je sens votre souffle…

 

Mise en situation, pour faire la liaison. René a débranché sa robot-secrétaire IA mais voici qu'elle devient créature vivante, se déshabille et se penche sur lui. Il sent son souffle......

 

 CHAPITRE 4/ DENOUEMENT – TOUT S’ECLAIRE

 

Beerk un souffle qui sent la morue, j’aurais espéré mieux ! Et ces grosses patouilles qui me secouent sans ménagement. J’ouvre un œil... horreur malheur, une femme-flic

« Allez mon vieux, debout, assez dormi, assez rêvé. Pouvez dire merci à votre pote qui vient vous sortir de là, suivez-moi ». Bruit des barreaux, des clés dans les serrures et au bout de l’interminable couloir moisi, une ombre au long pif, reconnaissable.

 

« Bon, René, au nom de notre amitié, j’t’ai tiré d’un mauvais pas, mais tu vas arrêter un jour de faire le zouave ? Tu t’rappelles le super-marché, le caddie et le coup de matraque quand tu m’écoutais en faisant semblant de rien?   Je n’savais rien, j’ai compris après. Moi, Ambroise, ton pote, j’te dis qu’ t’as vraiment été con de garer c’te caddie d’la mémé Castafiole devant la caméra de surveillance et de vider là son portefeuille qu’elle y avait laissé. Pour faire con, t’as fait con, t’as fait trèès fort. On dit qu’il n’y a pas de hasard, que tout est écrit, et ben pour toi, c’est bien écrit en toutes lettres : René sera toujours un looser, tin! Ben dis-donc, t’as une fameuse bosse, j’te donnerai un pot de miel pour met’ dessus! Et t’as vraiment pas bon’ mine »

« TA GUEULE »

 

 EPILOGUE

 

Voilà donc, chers lecteurs, l’histoire que je souhaitais vous compter, celle de René Gat et d’ Ambroise l’unhappyculteur. S’arrêtera-t-elle là ? Je ne crois pas, car j’ai capté le dialogue suivant tandis qu’ils s’éloignaient.

« Allez René, fais pas cette tête-là. C’que j’ai dit tout-à-l’heure, looser, etc… j’le pensais pas vraiment, c’était pour te faire un électrochoc. T’as du temps d’vant toi, j’pense à une chose, si tu venais nous aider, à l’association, à  protéger nos ruchers de ces bestioles indésirables, ces frelons asiatiques ? Qu’en penses-tu ? Réfléchis, mais pas trop longtemps, problème urgent. »

« Ah ça, Ambroise, c’est incroyable, la proposition que tu m’fais là. Faut croire que, comme tu dis toujours, c’est écrit d’avance. Figure-toi qu’au commissariat j’ai rêvé d’une telle situation ; je me rappelle de tout !!! C’est ok, j’ai un plan, tout est dans la bosse. Un seul hic -ne fais pas attention, je me comprends- je n’ai pas de grand-tante Adèle. Il faudra que je puisse compter sur une belle avance financière de l’association et aussi avoir à mon service sa charmante secrétaire. Alors je suis ton homme »

 

Et de voir les deux compères s’éloigner bras dessus-dessous, silhouettes dansantes, chantonnant « C’est moi René, c’est moi Ambroise, moi j’ai la bosse et moi le long pif…. »

Plus loin encore… « Dis, quand-même t’as pas …. » « Ta gueule » !

 

 

Faim ... Feint…Phaim Fhein... Phin... Phein...? Ah, voici: FIN


© Luc Delvaux Publié le 24/01/24


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Guest
Jun 18

Bonjour Luc.

Cet effort m'est magnifique, je l'ai enregistré, sous protection mention (c) tous droits réservés.

Cordialement, l'artiste

Roland

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